RÉFORMER LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES ? 

Dans la perpective d'un grand élargissement à échéance de 2030, une réforme des institutions est en cours depuis 2024. Cependant, la réforme des institutions européennes est un faux problème. Selon la finalité que l'on donne au projet européen, les institutions seront différentes. Mais pour que les peuples disposent de ce choix, encore faudrait-il vivre dans un espace réellement démocratique.

Si l'on s'oriente vers une Europe des Nations et une confédération, le pouvoir serait exclusivement dans les mains du Conseil européen.

Si l'actuelle Union européenne s'oriente vers une fédération, la Commission européenne aurait des pouvoirs renforcés, avec disparition de la règle de l'unanimité (pour l'adhésion de nouveaux membres, la politique étrangère et de sécurité commune...) au profit de la majorité qualifiée.

Si l'on veut construire une autre Europe, une Europe en accord avec son identité et qui s'inscrit dans le cadre de la troisième mutation (ce qui implique une réconciliation avec la Russie), il s'agit de démocratiser les institutions européennes. Démocratisation rime ici avec humanisation. Elle vise à mettre en place un système organisationnel pour l’intérêt des citoyens, avec une structure décentralisée, modeste, respectant le rôle des États dans leur domaine de compétence (subsidiarité ascendante), et les différentes composantes culturelles de l'Europe. Elle passe par une constitution qui définit à la fois les buts de la construction européenne et les modalités de l’organisation du pouvoir, en rupture avec Maastricht et les traités suivants, la globalisation économique et la pensée unique, pour revenir aux fondements de l’Europe et à sa finalité, avec comme fil conducteur le polycentrisme, et le principe de la conjonction des opposés.

Il reste à trouver la position du curseur entre l'Union européenne et les nations, entre le développement de coopérations européennes à la carte (comme c'est déjà le cas pour Airbus, le CERN, ou certains projets militaires), une simple union (un modèle confédéral) et le modèle fédéral coopératif décentralisé du rapport Herman de 1994 (avec la possibilité de  coopérations renforcées dans tel ou tel domaine, comme c'est le cas pour Airbus ou le CERN). Ceci devrait faire l'objet d'un débat citoyen à l'échelle de chacun des pays européens. 

Modèle coopératif implique un gouvernement européen dont la principale mission est d’inciter les états à la coopération et à la coordination. La coopération et la coordination s’entendent donc au sens d’un principe d’interdépendance et du nécessaire dialogue entre les opposés. La coopération se situe à l'opposé d'un principe de concurrence, base incontournable de Maastricht et de ses avatars (la coopétition tente cependant d'allier concurrence et coopération). La coordination se situe à l'opposé d'un principe de subordination dans une structure centralisée au profit d’une ouverture vers la notion de conjonction des opposés. 

Derrière la notion de polycentrisme, on retrouve indirectement le renoncement à la volonté de pouvoir et de toute puissance par la reconnaissance de plusieurs pôles périphériques tous inter reliés, en interdépendance. C’est au prix de ce renoncement à la volonté de toute puissance que pourra exister une démocratie représentative et participative (élections d’une part, dialogue entre les instances décisionnelles et la société civile d’autre part).

Polycentrisme, modèle coopératif décentralisé, interdépendance, renoncement à la volonté de prédation et de pouvoir, séparation des pouvoirs, parité entre les domaines de symbolique masculine ou féminine si l'on se réfère au concept de la double-démocratie, conjonction des opposés, tous ces concepts sont en accord avec la nouvelle mutation en cours depuis un siècle, mutation qui tend maintenant à se concrétiser. Nous sommes déjà dans l’ère de l’information et de la communication. Nous entrons dans l’ère de l’interdépendance, dans l’ère de la conjonction des opposés, dans une ère de conscience. D’où une nécessaire redéfinition du concept de développement durable (comme par exemple le développement vertueux) avec ses quatre composantes : écologie psychique (en référence aux besoins spirituels), préservation des écosystèmes, composante économique et sociale. Ce qui implique une remise en question du mode de vie occidental et de la société de consommation, l'acquisition du bien-être matériel n'étant qu'un moyen pour aider l'homme à évoluer en conscience, avancer sur le chemin de l'individuation, renouer avec la dimension sacrée, s'ouvrir au monde de l’Imaginal et vivre en harmonie avec la nature.

Rester dans l'actuelle Union européenne (une Europe prise dans le conflit des opposés, sans réelle politique étrangère, et en conflit avec la Russie), retrouver une indépendance nationale, construire une Europe confédérale, ou bien encore s'engager dans un projet politique et géopolitique en accord avec la troisième mutation (la conjonction des opposés, avec un partenariat équilibré tant avec les Etats-Unis qu'avec la Russie) : tels sont les véritables enjeux, des enjeux sur lesquelles les différents peuples de l'Europe n'ont toujours pas pu s'exprimer depuis 1957. Au vu de son bilan, il est clair que rester dans l'actuelle Union européenne est le plus mauvais choix.

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